LES VITRAUX

LES VITRAUX DE LA NEF

Trésors de verre

Avec ses vitraux, l’église Saint-François est un témoin unique de la culture moderne du XXe sicle et de l’art contemporain. A quelques rares exceptions près, toutes les verrières datent du début du siècle passé et ont été réalisées par quatre artistes: Clément Heaton, Richard-Arthur Nüscheler, Ernest Biéler et Alexandre Cingria. Prends le temps d’apprécier leur richesse et leur beauté, et découvre leur message.
Dans la nef, les trois majestueuses verrières du côté sud sont remarquables avec leurs couleurs intenses. Elles ont été réalisées en 1936 par Ernest Biéler, peintre et verrier né à Rolle. Il y a représenté les trois vertus théologales – qui signifie vertus «données par Dieu»: la Foi, l’Espérance et l’Amour (ou la Charité). «Maintenant ces trois choses demeurent, écrivait l’apôtre Paul dans sa première lettre aux Corinthiens: la foi, l’espérance et l’amour; mais la plus grande des trois est l’amour.»

Le vitrail de la foi

Lorsque tu longes la nef en direction du chœur, observe le premier vitrail, celui de la foi. Dans sa partie supérieure, la Foi est personnifiée sous les traits d’une femme à l’attitude victorieuse. Elle renverse sous son pied la personnification de ce qui lui fait obstacle. Elle porte dans sa main droite la croix, et de sa main gauche désigne le ciel. Elle est dominée, sur la gauche, par les Tables de la Loi, symbolisant l’Ancien Testament; et sur la droite, par une Bible ouverte, symbole du Nouveau Testament.

 Les deux scènes au centre du vitrail parlent aussi de foi. Sur la gauche, des personnages en prière illustrent le verset de l’Evangile de Matthieu, reproduit juste en dessous: «Ce que vous demanderez avec foi, par la prière, vous le recevrez».

La partie de droite raconte l’épisode de la femme malade d’hémorragies. Elle touche le vêtement du Christ, espérant que ce geste va la guérir. Jésus lui dit: «Prends courage, ma fille, ta foi t’a guérie.»

 La partie inférieure du vitrail illustre le récit de la tempête apaisée. Les disciples apeurés luttent pour empêcher leur embarcation de couler, tandis que Jésus impassible, bras levé vers le ciel, ordonne aux flots de se calmer. «Où est votre foi?» demande-t-il à ses disciples. L’artiste invite ainsi à placer sa confiance en Dieu, quelles que soient les circonstances de la vie.

Le vitrail de l’espérance

Le deuxième vitrail de la nef parle d’espérance. Elle est représentée, au sommet de la verrière, en femme ailée montant vers ciel, comme attirée par la lumière d’une étoile. C’est l’étoile brillante du matin, symbole biblique du Christ: elle annonce que le soleil va bientôt se lever.

 Dans le cercle central, on peut lire un verset tiré de l’Ecclésiaste: «Jette ton pain à la surface des eaux, avec le temps tu le retrouveras.» C’est une invitation à vivre notre vie dans la générosité, sans calcul d’un résultat. Tandis que le personnage de droite sème son pain, le pêcheur trouve du poisson dans ses filets.

 La partie inférieure du vitrail accueille deux personnages. A gauche, le roi David, reconnaissable à sa lyre et à sa couronne. Le visage vers le ciel, il chante pour Dieu. David est le modèle par excellence de la prière des croyants. Ici, la citation est tirée du Psaume 39: «Maintenant Seigneur, en Toi est mon espérance.»

 A droite, tu peux reconnaître Abraham avec sa barbe blanche. Lui aussi a le visage tourné vers le ciel. Malgré son âge avancé, il a toujours gardé l’espoir d’avoir un enfant, puis une descendance aussi nombreuse que les étoiles qu’il observe. C’est «Abraham espérant contre toute espérance», dit la citation tirée de l’Epître aux Romains.

Le vitrail de l’amour

Voici l’amour. La figure allégorique, en haut du troisième vitrail de la nef, prend les traits d’une femme bienveillante. Elle porte deux enfants sur son bras droit et s’apprête à en accueillir d’autres qui l’implorent. Elle défait même les liens qui serrent les poignets de la jeune fille à la robe verte.

La partie centrale du vitrail montre deux scènes. A gauche, deux femmes d’âge différent s’enlacent. Celle vêtue de rouge semble apporter soutien et réconfort à celle qui lui fait face, en bleu. Plus à droite, le personnage debout a posé ses mains sur les épaules de celui qui est agenouillé à ses pieds: il est en train de lui accorder son pardon. «Supportez-vous les uns les autres» et «Pardonnez-vous réciproquement», encourage Paul dans sa lettre aux Colossiens.

La partie inférieure du vitrail est un étrange banquet. Des convives, pauvres ou malades, se délectent autour d’une grande table garnie de victuailles. C’est la parabole du festin, racontée par Jésus: un roi fête les noces de son fils mais les convives refusent de venir au repas; alors le roi envoie ses serviteurs inviter tous ceux qu’ils croisent sur leur chemin: «Va dans les places et les rues de la ville. Amène ici les pauvres et les estropiés, les aveugles et les boîteux.»

LES VITRAUX DU CHŒUR 

Les grands vitraux du chœur

Prends maintenant du temps pour admirer les quatre grandes verrières du chœur. Leur couleur et leur composition médiévales contrastent avec les autres vitraux de l’église qui sont de style moderne.
Et pourtant! Ces verrières ont été posées en 1907. Elles ont été réalisées par le peintre anglais Clément Heaton. Si elles semblent tout droit sorties du Moyen Age c’est que l’artiste était passionné d’art médiéval. Il en a adopté les techniques, allant jusqu’à fabriquer et teindre lui-même son verre, pour recréer le bleu «saphir» et le rouge «varié et jaspé» du Moyen-Age. Les scènes choisies et leur emplacement répondent aussi à la manière de faire des maîtres médiévaux.
L’œuvre est donc fidèle à la tradition du XIIIe siècle, date de la construction de l’église. A une différence près. Au Moyen Age, on lisait les vitraux de bas en haut. Ici, les vingt illustrations se lisent de gauche à droite, puis de haut en bas.

L’histoire du salut en lumière

Les quatre grands vitraux sont comme une bande dessinée qui raconte l’histoire du salut apporté par le Christ.
Tout d’abord, quatre grandes figures de l’Ancien Testament anoncent la venue du Sauveur: Moïse le libérateur, le roi David, les prophètes Esaïe et Daniel.
Ensuite, les douze images centrales racontent la vie de Jésus. Les deux colonnes de gauche, selon l’Evangile de Matthieu, les deux colonnes de droite, selon l’Evangile de Luc. La vie du Christ est racontée en trois étapes:

  • Première étape, la préparation de Jésus:
    l’adoration des Mages à sa naissance; la fuite en Egypte; Jésus, âgé de 12 ans, dans le Temple; et le Baptême de Jésus.
  • Deuxième étape, le ministère de Jésus:
    le Sermon sur la Montagne; la guérison des malades; Jésus chez Marthe et Marie; Jésus en débat avec les Pharisiens.
  • Troisième étape, la Passion de Jésus:
    le Jugement; Jésus portant sa croix; la visite des femmes au tombeau vide; Jésus ressuscité apparaissant aux disciples d’Emmaüs.
    Pour finir, les quatre images en bas des vitraux évoquent les apôtres, premiers «piliers de l’Eglise»: Pierre; un groupe d’apôtre à Jérusalem; Paul; et Jean.

Pourquoi Moïse porte-t-il un voile? Pourquoi les vagues menacent-elles Jésus au moment de son baptême? Pourquoi les pharisiens veulent-ils lui cacher le livre sacré? Les bonus t’expliquent chaque image de cette bande dessinée.

LES VITRAUX DE LA CHAPELLE

Le vitrail de Jésus et la foule

Les deux vitraux de la chapelle de Billens ont été réalisés par l’artiste vaudois Alexandre Cingria en 1927. Le grand vitrail illustre «Le Christ appelant à lui les foules». Pour apprécier cette œuvre dans son ensemble, place-toi devant la chaire. C’est là que, selon l’artiste, elle est la plus lisible. Puis rapproche-toi pour en admirer les détails. 

En-haut au centre, le Christ est assis sur un trône et tient la croix entre ses bras. A ses pieds, la foule symbolise l’humanité dans son ensemble. Elle est guidée vers le Christ par l’archange saint Michel, au centre, qui montre le Christ. 

A gauche et à droite du Christ, en haut, figurent des personnages de l’Ancien Testament: à gauche, Moïse portant les Tables de la Loi, le roi David reconnaissable à sa lyre, et le roi Salomon identifiable à son sceptre; à droite, tu devines Noé portant son arche, ainsi qu’Adam et Eve. Au-dessous, des anges en robes vertes entourent le Christ.

La foule devait représenter des gens de toutes conditions. Cingria explique que pour en diversifier les figures, il s’est inspiré des bustes qui se trouvaient dans l’atelier qu’il partageait avec un sculpteur. C’est ainsi que certains personnages ont des traits rappelant des artistes de l’époque: en bas à gauche, l’homme à la moustache serait l’écrivain Charles-Ferdinand Ramuz; le personnage au nez aquilin situé juste au-dessus serait le compositeur Igor Stravinsky. Mais tu peux aussi trouver le chef d’orchestre Ernest Ansermet, le compositeur Arthur Honegger ou les écrivains René Morax et Adrien Bovy. La plupart d’entre eux étaient des amis de Cingria. Alors, simple inspiration ou hommage discret?

Le vitrail du comte vert

Le vitrail de la façade ouest s’intitule «L’hommage à saint Sébastien ou le comte Vert». Cingria y a représenté des personnalités qui ont marqué l’histoire de l’église et de la chapelle: reconnaissables à la couleur de leurs vêtements, il y a le comte Vert, avec son épouse Bonne de Bourbon, et le comte Rouge, avec sa femme Bonne de Berry. Car la famille de Savoie a largement contribué, par ses dons, à reconstruire cette église après l’incendie de 1368. 

Le personnage en armure agenouillé sur la droite est le chevalier Rodolphe de Billens, bailli de Vaud à la fin du XIIIe siècle. C’est pour abriter son tombeau que ses descendants ont édifié cette chapelle. Tu vois les armoiries de la famille sur son bouclier, dont les couleurs décorent aussi toute la chapelle. 

A gauche, le personnage vêtu d’un pagne bleu est saint Sébastien. Sa tête est ornée d’une auréole et il tient une flèche contre sa poitrine. Comment expliquer sa présence dans ce vitrail au thème historique? Au XIVe siècle, le saint est vénéré dans cette chapelle. Car Saint Sébastien est le saint le plus invoqué pour se protéger de la peste. A cette époque, une épidémie sévit en Europe; le Pays de Vaud et Lausanne ne sont pas épargnés – le comte Vert y succombe en 1383. 

Le thème de la peste est d’ailleurs repris dans la partie inférieure gauche du vitrail. Tu y devines des pénitents – aux longues tuniques et aux capuchons recouvrant leur tête – transporter des victimes dans les rues de Lausanne. 

LES VITRAUX DU VESTIBULE

Jésus chez Marthe et Marie

Dans la chapelle du vestibule nord, laisse-toi charmer par deux petites verrières aux couleurs vives. Encadrant la porte donnant sur la place piétonne, ces deux vitraux ont été réalisés en 1938 et 1939 par Ernest Biéler – à qui l’on doit aussi les trois grandes verrières de la nef. 

A gauche de la porte, Jésus est représenté chez Marthe et Marie, un épisode de l’Evangile de Luc. Les deux sœurs montrent deux manières différentes de recevoir Jésus. Marie est agenouillée devant le Christ qu’elle écoute de tout son être. Marthe, portant une corbeille de fruits, s’affaire à dresser une table digne de son hôte. Jésus, les mains levées, est en train de parler. Tu peux lire au bas du vitrail: «Marie a choisi la bonne part qui ne lui sera point ôtée.» Ce verset vient expliquer le sens de cette scène:la Parole de Dieu doit toujours être au centre. 

Jésus et la Samaritaine

Le vitrail de droite illustre la rencontre de Jésus avec la Samaritaine, un épisode de l’Evangile de Jean. La Samaritaine est venue puiser de l’eau dans le puits. Elle vient d’interrompre son geste et regarde avec interrogation Jésus qui l’a interpellée. Les mains du Christ, levées, soulignent ce qu’il lui dit: «Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif.» L’eau que propose Jésus symbolise la Parole de Dieu, source de vie éternelle et à la portée universelle.