HISTOIRE

BIENVENUE À L’ÉGLISE SAINT-FRANÇOIS

Cette «vieille dame» de plus de sept cent ans appartenait jadis à un couvent franciscain désormais disparu… Aujourd’hui, ce lieu de culte offre un espace de silence au cœur de l’agitation urbaine, accueillant celles et ceux qui, quelles que soient leurs croyances, veulent la visiter ou se recueillir.

L’histoire de cette église commence en 1258. Des moines s’établissent ici. Ce sont des franciscains – des disciples de saint François d’Assise. Souviens-toi: François, le fondateur de cet ordre, était un jeune bourgeois qui avait renoncé aux richesses pour consacrer sa vie à l’Evangile. La construction de cette église à Lausanne débute à peine trente ans après sa mort. A cette époque, elle n’est pas au cœur de la ville comme aujourd’hui, mais à sa bordure sud. Parallèlement, un cloître et des bâtiments conventuels voient le jour. L’église est accessible aux laïcs, la vie religieuse s’y développe. Typique des constructions érigées par les ordres mendiants, elle n’a d’abord pas de tour et seul son chœur est voûté. La nef et le chœur présentent déjà leurs dimensions actuelles.

En 1368, un gros incendie dévaste la ville. L’église et le couvent sont gravement touchés. Rapidement, les dons affluent, notamment de la Maison de Savoie, fidèle soutien du monastère. Quand les travaux de reconstruction s’achèvent, l’église, dont la nef est désormais recouverte d’une voûte, reprend vie. Autour de 1400, dérogeant à leur règle de simplicité, les franciscains construisent un clocher. La silhouette actuelle de l’église se dessine.

Grand changement pour la vie de l’église au XVIe siècle. En mars 1536, le réformateur vaudois Pierre Viret prêche la Réforme pour la première fois à Lausanne depuis la chaire de Saint-François. L’église devient alors un lieu de rassemblement des réformateurs. Calvin, notamment, y prépare la Dispute de Lausanne qui se tient en octobre à la cathédrale. Ce débat théologique oppose partisans de la Réforme et prêtres catholiques. Considérant la victoire des Réformateurs, les Bernois qui occupent le Pays de Vaud imposent le culte protestant. Les franciscains s’en vont. Leurs biens sont attribués à la ville. Le couvent, sécularisé, se désagrège mais l’église, devenue temple, connaît une vie intense. En 1537 et 1538, deux des trois premiers synodes de l’Eglise réformée siègent à Saint-François. C’est ici que les structures de l’Eglise réformée sont mises en place.

Arrive 1685. En France voisine, l’Edit de Nantes qui accordait certains droits aux protestants a été révoqué. Les persécutions qui s’ensuivent amènent à Lausanne un afflux de réfugiés protestants, les huguenots. Il y a alors trop de fidèles dans l’église Saint-François. Des galeries – aujourd’hui disparues – sont érigées dans la nef et la chapelle de Billens pour accueillir tout le monde.

Au XIXe siècle, la ville change: les fortifications sont démolies, la place Saint-François mise à niveau. Les bâtiments adossés à l’église sont supprimés pour faciliter la circulation. Saint-François est à ce moment dans un état de dégradation alarmant: les restaurations commencent.

L’église est classée monument historique en 1900 ce qui inaugure presque un siècle de chantier. De nouveaux vitraux viennent orner les fenêtres de l’église. Le chœur est rénové dans les années 1960, une nouvelle table de communion installée en son centre. L’inauguration de la monumentale porte de bronze clôt en beauté la dernière restauration de l’édifice en 1996.

Aujourd’hui, véritable oasis dans la ville, l’église Saint-François vit au rythme de la prière régulière –qui rappelle la présence historique des moines. Des concerts et des projets artistiques animent aussi ces murs. Car ici, la spiritualité et la culture se rencontrent et s’enrichissent mutuellement.

Visiteur, prends le temps de t’imprégner de l’histoire et de la spiritualité de ce lieu. Laisse ses trésors artistiques –médiévaux et contemporains – guider tes pas.