Spiritualité

Exposition dans de beaux draps à Saint-François

Avr 5, 2022 | Création artistique, Spiritualité

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Vivants suaires

Depuis l’Antiquité, les artistes dits improprement « plasticiens » s’en tiennent aux données visuelles, ils gardent la distance, ils se satisfont des silhouettes, des périphéries, des ombres et des lumières, ils « photo-graphient » à proprement parler. On peut dire à cet égard qu’Anne-Marie Gbindoun fait corps avec ses compositions. Certes, ses calicots sont faits pour être vus ; mais, déjà, ils sont en libre suspension, ils gardent les plis et le « tombé » d’une robe ; et surtout, ils court-circuitent la distance de vision, ils opèrent par empathie corporelle, ils rapprochent les deux tissus, vestimentaire et épidermique, ils communiquent les frissons, les échauffements, les sécrétions, les chatouillements, les picotements… Voir, c’est aussi voir autre chose que ce qu’on voit, pourrait-on dire en paraphrasant Merleau-Ponty, et c’est ce voir-là qu’Anne-Marie imprime ou dont elle imprègne ses toiles. Si elle invoque incidemment des silhouettes, c’est sur un mode allusif, pour acheminer le regard à la chair et à ses intensités. Elle n’entend pas simplement inverser les instances du refoulement, mais activer ce corps vécu qui échappe ordinairement à notre langage figuratif, d’où son caractère d’apparition. Corps et âme : plutôt que de sublimation (concept un peu casse-pied), on parlera de transcendance incarnée.
MICHEL THÉVOZ

Dans de beaux draps

« Apparitions ». Il n’y a pas de mot plus approprié pour parler de la résurrection, ce mot tout froissé de malentendus. Les récits des évangiles évoquent – en effet – la résurrection en termes d’apparitions du crucifié. Que l’on ne s’y trompe pas, ces textes ne mettent pas en scène l’irruption d’un revenant, d’un fantôme, mais témoignent de la trace vive que Jésus, bien que crucifié et enterré, a continué à laisser dans la vie de ses disciples. L’empreinte n’est pas rétinienne, mais mémorielle et spirituelle. Les récits d’apparitions essaient de retranscrire les impressions produites par une expérience intérieure intense, plus qu’ils ne relatent – comme on le croit à tort – d’hypothétiques phénomènes audio-visuels historiques. La résurrection n’est pas de l’ordre d’une reconstruction charnelle (ce qui la confinerait à de la taxidermie), mais du dévoilement fulgurant et plénier d’une personne. Lorsqu’ils l’ont côtoyé de son vivant, en chair et en os, de près, les disciples n’ont paradoxalement vu Jésus que de loin. Une fois mort, Jésus crucifié, visite les disciples et leur « apparait » sous un jour nouveau. Les disciples vont le voir comme ils ne l’avaient encore jamais vu. L’expérience de la résurrection va les conduire de la périphérie de Jésus, jusqu’à son être intérieur, dont ils ne soupçonnaient ni la profondeur, ni la hauteur. Les récits des apparitions expriment la conviction des premiers chrétiens que la mort n’a pas pu momifier Jésus, ni le figer, comme lorsque la mort coagule un cadavre. Ce n’est pas un corps que les disciples vont croiser, mais une personne qui ne va cesser de les rencontrer, les infuser, les élargir, les vivifier.
Suspendus dans le chœur de l’église Saint-François, six grands draps peints par Anne-Marie Gbindoun s’offrent au regard du visiteur. Je les regarde comme je lis un récit. Il n’y a là rien d’étonnant, puisque l’artiste poursuit depuis longtemps un travail d’écriture automatique et pictural dans ses carnets ou sur de grandes feuilles de papier Fabriano. Les draps, telles des péricopes d’évangile, m’entraînent dans une expérience immersive où je devine dans les points de couleurs vives, l’irradiation que la personne du crucifié a durablement laissée dans la vie des disciples au point de les transformer.
Depuis ce fameux premier jour de la semaine à Jérusalem, le Vivant n’est que de « passage » (c’est le sens même du mot hébreux Pessah-Pâque) et il ne nous laisse de lui que d’infimes impressions, faudrait-il dire des stigmates, semblables à ceux que l’artiste a laissés sur ses draps.
JEAN-FRANÇOIS RAMELET

Anne-Marie Gbindoun

ANNE-MARIE GBINDOUN

Anne-Marie Gbindoun est née à Cotonou au Bénin. A onze ans, elle rejoint la métropole et sa capitale Paris pour découvrir la littérature et la musique classique, mais surtout les musées qui lui ouvrent la connaissance. Puis elle vient en Suisse et s’établit à Crans-Montana pendant sept ans. Depuis une vingtaine d’années, elle réside et crée à Lausanne. Les premiers à reconnaître son travail furent le Dr Gérard Salem et le Professeur René Berger, qui l’ont encouragée dans sa démarche personnelle. Anne-Marie Gbindoun expose régulièrement en Suisse et à l’étranger.

Anne-Marie Gbindoun est née à Cotonou au Bénin. A onze ans, elle rejoint la métropole et sa capitale Paris pour découvrir la littérature et la musique classique, mais surtout les musées qui lui ouvrent la connaissance.
Puis elle vient en Suisse et s’établit à Crans-Montana pendant sept ans. Depuis une vingtaine d’années, elle réside et crée à Lausanne. Les premiers à reconnaître son travail furent le Dr Gérard Salem et le Professeur René Berger, qui l’ont encouragée dans sa démarche personnelle. Anne-Marie Gbindoun expose régulièrement en Suisse et à l’étranger.

Programme

SAMEDI DE PÂQUES 16 AVRIL

15h00
VERNISSAGE
Brève partie officielle avec Michel Thévoz, ancien conservateur du MCBA et de la Collection de l’Art brut, Raphaël Imbert, saxophoniste et Jean-François Ramelet, pasteur. Collation.

17h00
SPIRITUALS
Concert : Raphaël Imbert, saxophone – André Rossi, orgue et piano – Jean-Luc Difraya et Pierre Fenichel, batterie – Jean-Luc Difray, voix.
S’inscrit dans le cadre de Pâques en Jazz.

Entrée libre – collecte

18h00
APPARITIONS #1
Prédication : Jean-François Ramelet, pasteur
Musique : Benjamin Righetti, orgue – Raphaël Imbert, saxophone – André Rossi, orgue et piano – Jean-Luc Difraya et Pierre Fenichel, batterie – Jean-Luc Difraya, voix

SAMEDI 23 AVRIL

17h00
FRESCOBALDI – SWEELINCK : LES FAISEURS D’ORGANISTES
Concert : Lionel Desmeules, orgue
Entrée libre – collecte


18h00 – APPARITIONS #2
Prédication : Jean-François Ramelet, pasteur
Orgue : Benjamin Righetti et Anastasia Dukhareva

SAMEDI 30 AVRIL

17h00
PASCAL DANET ORGAN TRIO
Concert HEMU Jazz – Pascal Danet, orgue Hammond – Lucien Mullener, batterie – Etienne Loupot, guitare
Entrée libre – collecte

18h00
APPARITIONS #3
Prédication : Virgile Rochat, pasteur
Orgue : Benjamin Righetti

SAMEDI 7 MAI

17h00
SONATE DE RACHMANINOV
Concert : Jordan Gregoris, violoncelle – Stéphane De May, piano
Entrée libre – collecte


18h00
APPARITIONS #4
Prédication : Jean-François Ramelet, pasteur
Orgue : Benjamin Righetti

SAMEDI 14 MAI

17h00
IMPRESSIONS
Concert : HEMU Classique – Irene Poma, flûte traversière – Raul Fernando Domìnguez Cortez, alto – Clarissa Konzett, harpe
Entrée libre – collecte

18h00
APPARITIONS #5
Prédication : Jean-François Ramelet, pasteur
Orgue : Benjamin Righetti

SAMEDI 21 MAI

17h00
LES MANUSCRITS DE FRESCOBALDI
Concert : Adrien Pièce, orgue italien et clavecin
Entrée libre – collecte


18h00
APPARITIONS #6
Prédication : Line Dépraz, pasteure
Orgue : Anastasia Dukhareva

SAMEDI 28 MAI

17h00
TRAVERSÉE ROMANTIQUE DE SCHUBERT À ZEMLINSKY
Concert : Julia Deit Ferrand, mezzo-soprano – Benjamin Righetti, Orgue
Entrée libre – collecte

18h00
APPARITIONS #7
Prédication : David Freymond, pasteur
Orgue : Benjamin Righetti

SAMEDI 4 JUIN

18h00
PENTECÔTE
Prédications : Jean-François Ramelet, pasteur
Orgue : Benjamin Righetti

On en parle dans la presse

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Bon pour la tête

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